Est-il légitime de se reposer ?
Prédication de Jean-Marc Bellefleur
« Le septième jour, Dieu avait achevé tout le travail qu’il avait fait ; le septième jour, il se reposa de tout le travail qu’il avait fait. Dieu bénit le septième jour et en fit un jour sacré, car en ce jour Dieu se reposa de tout le travail qu’il avait fait en créant. » Genèse 2.2-3
La première mention du repos que fait la Bible, citée ci-dessus, a Dieu pour sujet. Etonnant. Le Tout Puissant aurait-il à se reposer ? L’idée ne sied guère à notre théologie. Esaïe disait bien : « Dieu […] ne s’épuise ni ne se fatigue. » (Es 40.28). Il faut comprendre que ces récits des premiers chapitres de la Genèse ont une fonction d’enseignement, en l’occurrence d’exemple : si « Dieu se repose », c’est pour que les humains se reposent !
Mais le repos n’a de sens que si l’on travaille. Dieu se reposa « de tout le travail qu’il avait fait en créant » (v. 3). Savoir se reposer, ce n’est donc pas faire preuve de paresse. C’est une vision sage de soi, de ses limites. C’est, en creux, une ardeur au travail, un investissement d’énergie, qui ont fatigué. Oui, le repos est légitime.
Pour notre vie chrétienne, la question se pose à sa manière. Faut-il, sans fléchir, « saisir les occasions » (Ep 5.16, Col 4.5) de servir Dieu ? Ou au contraire, puisque nous sommes venus à la foi, ne devons-nous pas « entrer dans le repos » (Hb 4.3) ? Il nous faut définir une « théologie du repos » et c’est un vrai travail. Gardons au moins une idée toute simple : voir les cultes comme des temps de « repos », où nous cessons nos activités économiques ou lucratives. Nous y prenons du recul par rapport à notre agitation de la semaine, nous y prenons le temps de repenser, de découvrir, d’apprécier, la révélation de Dieu. Ce repos-là vaut la peine.